PROPOSITION DE THÈSE DE DOCTORAT EN SCIENCES DE LA DURABILITÉ

Offre d'emploi - stage

Nom du projet :

Durabilité de la médecine traditionnelle en Polynésie française : étude de remèdes anti-infectieux les plus utilisés et validation de leur efficacité et de leur innocuité

Directeurs :

Phila Raharivelomanana, Professeur des Universités, UMR 241 EIO, Université de Polynésie française, Tahiti
François Chassagne, Chargé de recherche IRD, UMR 152 PharmaDev, Toulouse

Date et durée :

Date de début : Septembre 2023
Durée : 36 mois

Lieu de travail :

  • UMR152 PharmaDev, Faculté de Pharmacie, Toulouse, France
  • UMR241 EIO, Université de Polynésie française, Tahiti (+ travail de terrain dans les îles de Polynésie française)
  • Centre IRD Nouméa, Nouvelle-Calédonie


Financements :

ANR JCJC SUTAINMEDPOL (financement obtenu)

Contexte :

En Polynésie française, la médecine traditionnelle est largement utilisée par la population pour traiter divers problèmes de santé. La médecine traditionnelle polynésienne repose majoritairement sur une riche pharmacopée regroupant près de 200 plantes médicinales, et également sur l’usage de manipulations et thérapies corporelles tels que les massages (1). Cette médecine est également étroitement liée à la culture polynésienne et à son histoire, et elle constitue donc un vrai patrimoine pour la population locale.
Pour que la médecine traditionnelle polynésienne puisse jouer tout son rôle en santé et soit pérenne, plusieurs enjeux ont été identifiés :

  1. l’existence et la transmission du savoir traditionnel ;
  2. la conservation
    des plantes médicinales ;
  3. la connaissance de l’efficacité et de l’innocuité des remèdes ;
  4. une reconnaissance politico-institutionnelle. Chaque enjeu est vulnérable à différents facteurs (ex.: changement climatique pour la conservation des plantes, désintérêt des jeunes pour la transmission du savoir,…), et il est nécessaire de trouver des solutions pour réduire cette vulnérabilité.
    Les maladies infectieuses sont très répandues en Polynésie française. Parmi ces maladies, on retrouve les infections bactériennes (ex. intoxication alimentaire à Salmonella ou E. coli, IST, leptospirose, tuberculose, infections urinaires), les infections virales (ex. chikungunya, Covid-19, dengue, hépatites B et C, Zika), les infections parasitaires (ex. angiostrongylose, filariose) et les infections fongiques (ex. muguet) (2). Ces maladies représentent une cause majeure de morbidité avec un impact sur les coûts directs et indirects des soins de santé. Pour traiter ces maladies infectieuses, l’utilisation de plantes médicinales en Polynésie française a été décrite. Dans une étude récente, 62 plantes médicinales ont été citées pour traiter environ 30 problèmes d’origine infectieuses différents à Raiatea et Tahaa (3). Bien que de nombreuses plantes soient utilisées pour combattre les maladies infectieuses en Polynésie française, peu d’informations sont disponibles sur leur efficacité et leur sécurité d’utilisation.

Objectifs :

L’objectif de la thèse sera de contribuer à l’utilisation durable de la médecine traditionnelle (MT) en Polynésie française (PF). Les remèdes anti-infectieux seront utilisés comme objet d’étude. Pour atteindre cet objectif global, le projet se concentrera sur quatre objectifs spécifiques :

  • Inventorier les espèces de plantes anti-infectieuses utilisées par les Polynésiens, et identifier les menaces socioculturelles, écologiques et sanitaires associées à leurs utilisations.
  • Développer des stratégies durables de promotion de l’utilisation des remèdes anti-infectieux et de la MT.
  • Renforcer la reconnaissance institutionnelle de la MT en PF en fournissant des études scientifiques démontrant l’efficacité et la sécurité des espèces de plantes anti-infectieuses.
  • Mettre en œuvre des actions pour une utilisation durable de la MT pour le traitement des troubles infectieux

Méthodes :

  1. Une enquête ethnobotanique de terrain sera réalisée en Polynésie française afin d’inventorier les remèdes anti-infectieux les plus utilisés et d’identifier les menaces pesant sur l’utilisation de la MT.
    Cette enquête sera complétée par un travail bibliographique.
  2. Une analyse du bénéfice et du risque potentiel induit par ces remèdes sera réalisé en étudiant les plantes d’un point de vue pharmacologique, toxicologique et phytochimique. En bref, une méthode d’eco-extraction sera utilisée sur un échantillon de plantes préalablement sélectionnées, puis des tests anti-infectieux (in vitro et in vivo) seront réalisés sur les extraits, suivi de tests de toxicité (in vitro et in vivo). Les extraits bioactifs seront ensuite étudiés d’un point de vue moléculaire par une approche métabolomique afin de caractériser les molécules actives.
  3. En se basant sur ces résultats, des actions concrètes d’utilisation durable de la MT seront proposés tel que stratégie de conservation du savoir et des plantes sur le territoire, rédaction de monographies de plantes,…


Profil recherché (H/F) :

Les étudiants en cours de Master 2 Recherche (spécialité chimie, biologie, substances naturelles, ou équivalent) ou ayant obtenu un Master 2 recherche sont les bienvenus. Une excellente connaissance en phytochimie est recherchée. De bonnes bases en microbiologie, culture cellulaire et/ou pharmacologie est fortement recommandé. Une formation et/ou un grand intérêt pour l’ethnobotanique ainsi que des connaissances en botanique sont un atout important. Le candidat devra faire preuve d’empathie, d’autonomie, de rigueur, et avoir un excellent relationnel. Une bonne pratique (parler et écrit) de l’anglais est indispensable. La compréhension de la langue tahitienne serait un plus. Le travail nécessitera une mobilité géographique en France, en Polynésie française et dans le Pacifique.

Candidature :

Les candidats intéressés peuvent fournir leur CV et une lettre de motivation (max. 2 pages) à l’adresse suivante : francois.chassagne@ird.fr et phila.raharivelomanana@upf.pf . Merci de mettre l’intitulé du mail de la candidature comme suit « PhD SustainMedPol ».

Date limite de réception des dossiers de candidature :

fin mars.

Références :

  1. P. Pétard, Plantes utiles de Polynésie et Ra’au Tahiti (Papeete, Tahiti, Haere Po., 2019; http://www.haerepo.com/petard_plantes.html).
  2. S. Henry, M. Chiu, A. Vigouroux, Guide des maladies infectieuses pour la Polynésie française (2022).
  3. C. Quenon, T. Hennebelle, J.-F. Butaud, R. Ho, J. Samaillie, C. Neut, T. Lehartel, C. Rivière, A. Siah, N. Bonneau, S. Sahpaz, S. Anthérieu, N. Lebegue, P. Raharivelomanana, V. Roumy, Antimicrobial Properties of Compounds Isolated from Syzygium malaccense (L.) Merr. and L.M. Perry and Medicinal Plants Used in French Polynesia. Life. 12, 733 (2022).